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PAM Festival 2021, la synthèse du jour 1

Dernière mise à jour : 5 oct. 2022

Tiers-lieux, un urbanisme des transitions ?

En mobilisant une diversité inédite d’acteurs, d’usages et d’expertise, comment les tiers-lieux permettent-ils de renouveler notre rapport à la ville et de réaliser les différentes transitions qui s’imposent à nous ? C’est à cette question que la première journée du PAM festival s’attellera pour tenter de saisir ce qui se joue dans l’essor des tiers-lieux en contexte urbain et leurs potentiels dans une fabrique de la ville plus durable, collaborative et inclusive. L’occasion d’explorer les zones de porosité comme la confusion entre friches, urbanisme transitoire et tiers-lieux et de nommer processus, méthodologies et jeux d’acteurs.


Tiers-lieux, opportunités pour une fabrique urbaine innovante ?

En mobilisant une pluralité d’acteurs - concepteurs, promoteurs, aménageurs, opérateurs associatifs - de la fabrique de la ville, cette première table-ronde entreprend de sonder la manière dont les tiers-lieux peuvent être des laboratoires pour une fabrique de la ville innovante. Etienne Delprat (Ya+K), Enora Postec (Hop Hop Hop), Marion Tissot (Yes We Camp), Frederic Charles Aillet (Sempervirens), Alexandre Sfintesco (Agence SAFE), Jean-François Joumier (SOPIC), Leslie Petitjean (Est Ensemble), Stéphane Bailly (SADEV 94), Maxime Vicens (Exp. Architectes) et Paul-Etienne Davier (Facea) alternent au micro de Dickel Bokoum, architecte en charge des projets d’urbanisme transitoire chez La Belle Friche, au sujet de l’intégration d’expériences d’urbanisme transitoire au sein de la maîtrise d’ouvrage et comme levier de maîtrise d’usage. En fil rouge : les temporalités nouvelles qu’instillent ces expérimentations, perçues différemment selon le jeu d’acteurs associés. Pour Jean François Joumier, directeur de SOPIC propriétaire du bâtiment où l’association LBFA a fondé Le Sample, cette première expérience d'urbanisme transitoire pour ce groupe de promotion immobilière a coïncidé avec le constat en interne de compétences limitées sur ces temporalités : “Il a fallu avoir l’humilité de se dire qu’aujourd’hui on ne sait pas faire. (...) Ce temps long nous permet de réfléchir, de se laisser le temps de tester et de comprendre”. Le temps long - paradoxe pour une temporalité souvent trop courte côté opérateurs que ce soit pour rentabiliser des investissements coûteux de mise aux normes que pour ancrer localement une démarche - apparaît comme la condition d’expérimentation : l’on se permet de tester, voire de se tromper, puisque l’expérience est limitée dans le temps. C’est le cas par exemple d’un prototype de filtre à pollution végétal pensé au Sample par SOPIC avec l’agence Sempervirens, faisant du Sample un terrain de “recherche appliquée”. Etienne Delprat, de l’association Ya+K, aux manettes à Bagnolet du fablab de proximité l’Hyper interroge quant à lui la manière dont ces lieux se positionnent en creux de l’action de la puissance publique et peuvent intégrer de nouveaux programmes urbains. Encore faut-il que ce temps long soit partagé et que les services déployés sur les territoires puissent se pérenniser, au risque d’hypothéquer les futurs possibles”. En somme, les tiers-lieux issus de l’urbanisme transitoire sont comme du vin naturel : “il faut laisser vieillir. Ensuite on ouvre et on voit ce que ça donne. Ce mouvement a 5 ans. C’est peu. La question est la suivante : « de tout ce qu’il s’est passé que reste-t-il aujourd’hui ?”



Friches & initiatives citoyennes

Cette seconde table-ronde est l’occasion pour l’urbaniste et prospectiviste Thomas Henry, modérateur de la table-ronde, d’interroger le potentiel de friches - soit d’espaces dépris de leur fonction initiale - dans l’accueil et le développement d’initiatives citoyennes. Pour y répondre, le sociologue Luis Lopez, enseignant à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette, revient sur l’histoire des friches et des jardins partagés comme espaces communautaires dans des contextes français mais également d’Amérique Centrale. Julie Rigourd, coordinatrice du Sample ainsi que de l’AERI à Montreuil estime que ces lieux sont des communs urbains, au service des besoins et désirs des habitants qui s’y impliquent, tirant profit de ces délaissés urbains pour inventer d’autres modes de vivre, de faire et d’habiter. Pour Benjamin Gentils, de la Fabrique des Communs Pédagogiques, les tiers-lieux peuvent être des espaces d’éducation à la citoyenneté en se posant la question de l’accueil des jeunes publics et des enfants, scolaires ou parascolaires. Aude Masboungi, directrice de l’agence La Belle Friche et Cécile Pérez-Raynaud (association ADJB de Bagnolet) évoquent quant à elles la manière dont ces expériences transitoire peuvent mobiliser davantage les citoyens sur leur cadre de vie, faisant des tiers-lieux des instances alternatives de la concertation urbaine, dans un contexte, comme le rappelle Thomas Henry, de défiance croissante vis-à-vis de l’institution et de besoin pressant “d’espaces du possible qui auraient le potentiel de réinventer nos modes d’expression de la citoyenneté dans nos espaces urbains”. Dans une fin de rencontre troublée par l’alarme incendie du Sample, Cédric Pape, adjoint au Maire en charge de l'aménagement à la Ville de Bagnolet, rejoint ce constat et souligne la capacité de mobilisation de tiers-lieux pour des questions d’aménagement au niveau local, prenant en compte ces nouvelles géographies avec lesquelles compter à l’avenir dans la manière d’appréhender les mutations des territoires par et pour celles et ceux qui en ont l’usage au quotidien.


Comment l’urbanisme transitoire réinvente les usages ?

La journé se clôt avec une ultime table-ronde animée par Mai-Liên Nguyen Duy, facilitatrice et collaboratrice d’Ancoats, invitant architecte, urbanistes, aménageurs, AMO et collectivités à un coup d’oeil dans le rétroviseur pour apprécier la manière dont l’urbanisme transitoire a pu changer métiers, méthodes et postures à l’échelle tant individuelle que collective. Pour Charlotte Girerd, l’urbanisme transitoire a eu comme conséquence de déplacer les référentiels, notamment économiques, des équipes de SNCF Immobilier dans l’appréhension de projets expérimentaux sur du foncier non occupé et d’entrevoir la possibilité “d’espaces hors marché” au sein de l’organisation. Morgan Even, chez Richez Associé, estime quant à elle qu’il aura fallu de nombreuses opérations pour mener des projets d’occupation au-delà de la simple opportunité intercalaire, soit l’animation d’un site où le programme est déjà figé par la maîtrise d’ouvrage, et imaginer la manière dont ces expériences peuvent venir préfigurer le futur projet urbain. Pour Lucile Greco du Sens de la Ville, l’enjeu des prochaines années sera de conserver l’esprit expérimental et inclusif de la phase transitoire dans le projet urbain futur, en inventant les montages adéquats, comme sur le site de l’ancien hôpital Saint Vincent de Paul au terme de l’aventure des Grands Voisins. Simon Givelet, architecte et membre du collectif Zerm ayant activé dans un quartier populaire de Roubaix une occupation transitoire dans un ancien couvent, les expérimentations actuelles s’appuient sur d’autres plus anciennes - citant Yes We Camp et l’Hôtel Pasteur - d’où l’importance de documenter et essaimer ces glissements de méthodes et postures pour outiller, demain, d’autres porteurs de projets et leurs interlocuteurs publics comme privés sur d’autres territoires.


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